lundi 16 juillet 2018

Biennales Dakar-2018 : Le coup de gueule d'une galeriste étrangère


Au 1er plan, Patrizia Nuvolari et Christine Valeton (CP : R. A)


Les galeristes continuent de faire le bilan de la Biennale de l'art africain contemporain Dakar-2018. Patrizia Nuvolari, journaliste, artiste et galeriste italienne a visité les lieux officiels d'exposition. Elle affirme avoir fait le tour des autres galeries off. Elle exprime sa déception.  

Robert Adé

lundi 9 juillet 2018

Sénégal : Soumbédioune, une pêche cosmopolite


Le marché aux poissons de Soumbédioune à Dakar (Crédit Photo: Robert Adé)
La pêche est l’activité dominante de Soumbédioune. Sur ce site animé au quotidien par des pêcheurs se développe un commerce inlassable de fruits de mer.  ‘’Il y a quelques années, les clients, devant la variété de poissons et d’écrevisses étaient dans l’embarras. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ; des espèces ont disparu ‘’, regrette Fatou, une écailleuse.
Aussitôt débarqués, les fruits de mer sont livrés aux revendeurs du marché aux poissons jouxtant le quai. ‘’Mais si les activités ne prospèrent plus comme par le passé, c’est dû à la mauvaise exploitation des eaux marines et aux outils de pêche utilisés’’, affirme Habib, un pêcheur Lébou rencontré sur les lieux.

En plus de la pêche, Soumbédioune est un village artisanal. Cela fait plus de 50 ans qui attire de nombreux touristes.

Robert Adé
Brice Bill Aïtchédji

vendredi 6 juillet 2018

Bénin : Vaudou Sakpata,"le maître de la terre"


La divinité Sakpata tire son origine des pays du Golfe du Bénin précisément de milieux Yoruba. Des initiés rencontrés dans le village Ahouanzoun dans la commune d’Agbangnizoun dans la partie sud du Bénin affirment qu’elle est bel et bien le « dieu de la terre et de la variole ». Une fois par an, cette divinité est célébrée partout où elle est implantée.

Aux lueurs du crépuscule, les joueurs de tam-tam installent un à un leurs instruments. Ils sont des spécialistes du rythme Sakapta. Un premier appel. Un deuxième. Au troisième roulement de tambours au son de gongs et de castagnettes, les adeptes apparaissent dans leurs tenues d’apparat. Cette année, il y a plus de femmes que d’hommes adeptes de la divinité Sakpata sur la place publique du village.

A la vue des deux adeptes ‘’perturbateurs ’’ (une femme et un homme), les spectateurs crient leur joie, acclament… ils savent bien les provoquer. Toute la nuit a été faite de chants satiriques, moqueurs et provocateurs. Une fois encore, ils se sont montrés insolents, sans pudeur. Avec eux, pas de secrets. Des spectateurs non avertis en ont appris à leurs dépens.

Sakpata ‘’le maître de la terre’’, selon la tradition africaine, procure à l’homme les céréales. Il le punit par la variole lorsqu'il commet un parjure.

jeudi 21 juin 2018

Pologne-Sénégal : Dakar, des supporters manifestent leur joie sur la voie publique

Trafic routier perturbé à Sacré-Cœur 3, Dakar (Crédit Photos : Robert Adé)

La folie de la victoire. Des jeunes et même des adultes fous de joie, ont envahi ce mardi après-midi les voies publiques de Dakar après la victoire de leur équipe nationale sur la Pologne. 

Sans craindre pour leur vie, ces fans montent sur le capot des véhicules, d’autres s’y accrochent scandant des slogans de satisfaction. Les chauffeurs, de leur côté, ne s’en offusquent pas. Eux aussi s’adonnent au jeu. Ils sont tous en joie. La circulation a été perturbée toute la soirée.

Pour son premier match à la Coupe du Monde Russie 2018, le Sénégal a battu la Pologne à la fin du temps réglementaire par le score de 2-1. Dimanche, les Lions de la téranga jouent leur second match. Ce sera contre le Japon.


dimanche 17 juin 2018

Sénégal, une pépinière de jeunes footballeurs

   Les jeunes sénégalais ont la passion du football. Dans les rues comme sur des espaces aménagés, ça joue à volonté. A Dakar et dans les localités avoisinantes presque chaque commune a son école ou centre de formation.
   Ce samedi, nous avons rencontré à Guédiawaye sur l'un des terrains de football de Golf Sud, deux encadreurs de jeunes talents : Jules Boucher de l'académie Golf Foot et Jean-Charles Niouky de l'école de foot Popo Deme Golf. Ils sont en pleine séance d'entrainement.


Parmi cette multitude de jeunes se cachent des talents de footballeurs. Les recruteurs vont avoir du pain sur la planche.

Robert Adé


dimanche 20 mai 2018

Sénégal, Un non-voyant passionné de la télévision

Lamine Sané se fait une représentation de ce qu'il écoute (CP : R. Adé)

   Il fait toujours bon visage malgré son handicap visuel. Chaque matin, après ses travaux ménagers, Lamine Sané rejoint sa chambre. Il s'informe à partir de son poste téléviseur.

   C'est à 10 ans que ce tisserand de formation a perdu la vue. Aujourd'hui âgé de 40 ans, il se réjouit d'avoir été l'un des rescapés d'une épidémie mortelle de rougeole qui avait ravagé son village natal : la Casamance.

Lamine habite Fass, un quartier populaire de Dakar. Ici, il fait du bénévolat. 


Lamine Sané travaille sans un guide (Crédit Photo : R. Adé)
Ni heureux ni malheureux, Lamine Sané s'interdit de mendier dans la rue. Il rêve de devenir un grand commerçant.


vendredi 30 mars 2018

Bénin / Vodou : Dah Agbalènon, l’icône

Dah Agbalènon Adanmaïkpohoué, prêtre vodoun toxwiyo
(Crédit Photo : Gérard Akotègnon)

« Le décès n’est même pas annoncé au public avant l’enterrement. C’est les parents proches qui sont informés surtout quand il s’agit d’un chef traditionnel »
   Il s'est donné au vodou toxwiyo autant qu’il a vécu. Cyriaque Adingni, la soixantaine, prêtre béninois du culte vodou connu sous le nom fort de ‘’Dah Agbalènon Adanmaïkpohoué’’, fut un défenseur-modèle des religions endogènes en Afrique.
   Avant l’annonce officielle de son décès le mardi 21 mars dernier, il était à la fois, secrétaire général du Cadre de Concertation des Religions Endogènes au Bénin, guide fondateur de la Mission Endogène pour la Lumière Spirituelle Universelle et président du Grand Conservatoire VodouC’est à ce titre que ce retraité des Douanes Béninoises et ancien directeur général de l’Agence pour la Réhabilitation de la Cité Historique d’Abomey (ARCHA) nous a accordé le 17 août 2017, dans son palais à Adingnigon (commune d’Agbangnizoun), une interview sur la gestion du cadavre en milieu vodou au Bénin. 

Quelle est la position du culte vodou sur la conservation des cadavres ?
Dans notre tradition, quand il y a un décès, le défunt… le corps du défunt ne doit pas être conservé pour longtemps. Et vous savez que dans notre tradition et quand un chef traditionnel meurt, on l’enterre aussitôt dans les heures qui suivent. Mais aujourd’hui, avec la modernisation, nous avons connu d’abord les morgues modernes, des pratiques traditionnelles sont aussi intervenues et ça fait partie d’une autre manière, d’autres procédés de conservation du cadavre. Là, c’est en inadéquation avec nos coutumes. C’est en inadéquation avec le vodou. Nous sommes d’avis avec les musulmans et on fait comme eux ; même plus pressé que chez eux. Le décès n’est même pas annoncé au public avant l’enterrement. C’est les parents proches qui sont informés surtout quand il s’agit d’un chef traditionnel.
Savez-vous qu’il y a des risques d’infection par des cadavres ?
Il y a parfois des gens qui meurent d’épidémies, certains qui meurent de maladies contagieuses… ces corps, on doit les manipuler avec beaucoup de précaution. Ceux qui sont commis à cette tâche dans notre tradition sont dotés de certains moyens, de certains secrets afin qu’ils les protègent contre les épidémies même contre les odeurs. Mais le risque quand même est là ; le risque d’infection est là. Pour ne pas enterrer un agonisant, il y a tous ces moyens qui sont connus par nos parents et qui, aujourd’hui, sont connus. Ces moyens ont été transmis de père en fils.
Qui est autorisé à manipuler le cadavre dans votre religion ?
Ceux qui conservent le cadavre ne sont pas les adeptes du vodou. La classe traditionnelle est composée de plusieurs secteurs et ceux-là précisément à Abomey qui s’occupent de la manipulation, de l’enterrement… des pratiques autour d’un corps, on les appelle ‘’les donkpègans’’. Et ceux-là ne sont même pas des adeptes du vodou. Certains sont initiés d’autres ne le sont pas.
Quels sont vos interdits lorsque vous êtes en deuil ?
Aujourd’hui, puisque que les honoraires sont très faibles, ils parviennent à conserver les corps pendant 3 mois alors que dans notre tradition, moi en tant que chef du culte vodou Toxwyio, quand quelqu’un meurt dans notre famille, dans notre collectivité, dans notre clan, c’est que moi je ne dois plus consommer de la viande, je ne dois plus me coucher à côté d’une femme, je ne dois plus fermer ma porte jusqu’à l’enterrement. Ce sont autant de raisons pour que l’enterrement soit aussitôt fait. Et quand vous allez garder un cadavre pendant des jours voire des mois…eh bien ! Tout ce qui se trouve dans cette maison est frappé d’impureté. Les fidèles du vodou ne peuvent plus manger dans cette maison. C’est proscrit, et nous ne l’acceptons pas.
Que vaut la dernière volonté d’un adepte du culte vodou qui décède ?
Si un parent ou si quelqu’un dit ‘’Ne m’emmenez pas à la morgue’’, si nous avons l’information est vérifiée, le corps ne va pas à la morgue. Nous sommes très rigoureux là-dessus. Mais aujourd’hui, on vous parlera de la démocratie, on vous parlera du pouvoir des enfants, et là, c’est la justice qui intervient sinon, nous respectons scrupuleusement la mémoire du défunt ; ce qu’il a dit avant sa mort même si ce n’est pas écrit.
Propos recueillis par Robert Adé



samedi 24 mars 2018

Déchets industriels : les leçons de l'Afrique à l'Europe

L'équipe de la société In Plast (Crédit Photo : Monique Molard)


"L’Afrique nous donne  en Europe des leçons sur le recyclage des déchets de l’industrie". En premier lieu les matières plastiques.
    En Afrique de l’Ouest, précisément au Benin, au Burkina Faso, au Sénégal, au Togo et au Mali,  ils inondent les marchés, les rues des villes et les espaces de vie dans les villages ou campagnes. Bienvenues les décharges à ciel  ouvert.
    Aujourd'hui, un projet solidaire s’est concrétisé en France dans le petit village de Simandre sur-Suran. Cette localité de 800 habitants est située à 60 kilomètres de Lyon. C'est là qu'est implantée la  société In Plast dirigée par Fréderic François.
  Cet industriel était en contact depuis deux ans avec Isabelle Chevalley, députée au parlement Suisse. Avec la passion des pionniers, l’élue Helvétique initie des projets de recyclage des matières plastiques au Burkina Faso. Deux années où les deux futurs partenaires ont établi un cahier des charges précis sur la dotation d’une presse à injecter "Notre presse ne tournait plus que deux, voire trois jours par an. Sa prochaine utilisation sera la fabrication de boutons de couture". 
    Dans cette remise en fonction, Fréderic François et ses techniciens ont travaillé en étroite collaboration avec l’association Suisse. Cette donation d’un outil industriel se complète d’une action : la formation des futurs utilisateurs.
    Cet outil a vécu sa  jeunesse et sa vie dans un petit village agricole dominé par l’élevage de bovins.  Il va découvrir, curieux, le continent Africain avec dans ses rouages et ses valises le projet d’une revalorisation exemplaire des  sacs en matière plastiques.
 
 http://www.lesfouineurs.info/Reportages/Detail/6d42f7d1-2b56-43b8-8c19-cc2c7ada3e15
Mario Molard

L’Europe encore loin du "zéro sachet plastique"

Dans un marché à Bourg-en-Bresse en France
 (Crédit Photo : Monique Molard)

Les vingt-huit pays de l’union Européenne s’engagent dans l’interdiction des sacs plastiques à utilisation unique. Ils n’y parviennent toujours pas.

    En Europe, 100 milliards de sacs plastiques à usage unique sont consommés chaque année. Face cette pollution toujours plus importante liée au rejet dans l’environnement de déchets plastiques, l’Union européenne a renforcé sa législation pour réduire l’utilisation quotidienne de sacs en plastique par les citoyens européens. Les objectifs fixés doivent conduire les Etats membres à réduire leur consommation de 50 % en 2019 par rapport à 2010 et 80 % en 2025 par rapport à 2010. Partout dans le monde, des zones d’accumulations en masse de déchets plastique ont été identifiées dans les océans, parfois appelées « continents de plastique ». En tout, plus de 700 espèces aquatiques sont impactées. En France une loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a imposé l’interdiction des sacs plastiques à usage unique en 2017.
 L’alternative des sacs biodégradables
     Sur les marchés, les commerçants ont cherché des alternatives, notamment avec une offre de substitutions de sacs biodégradables. Cela n’est pas sans poser de problèmes financiers au final dans le porte-monnaie du consommateur. Ils sont plus onéreux à l'achat pour le commerçant. Il est obligé d’en répercuter la valeur de l’acquisition aux clients. Le surcoût se situe dans une fourchette de 5 à 10 centimes d’Euro. Cette interdiction a décelé des problèmes dans sa mise en place. Comme celle de conditionner sur le marché des plats cuisinés à l’image de la paëlla, des frites ou des olives…. En une année, les commerçants et les consommateurs se sont adaptés à cette nouvelle façon d’acheter avec cet objectif mondial de la préservation de la planète. La difficulté a été de changer les habitudes de la clientèle des marchés urbains et des campagnes.  Les supermarchés, la grande distribution proposaient déjà des sacs biodégradables.  Les campagnes de sensibilisation se sont déclinées par de l’affichage, de la pédagogie des commerçants, dans la presse écrite, audiovisuelles et dans les écoles. En une année l’idée s’est ancrée difficilement aussi dans les consciences.  
 Des consommateurs éco responsables
     Sur les marchés les consommateurs ont pris de nouvelles habitudes d’achats. Ils arrivent devant les étals avec leurs sacs réutilisables, leurs cabas, leurs filets, leurs paniers...
L’idée d’être des citoyens éco responsables fait son chemin.  C’est devenu un réflexe dans toutes les tranches de la population. Des jeunes aux anciens. Les opposants sont devenus marginaux. Mais l’idée généreuse du zéro sac plastique n’est pas encore une réalité du quotidien. Mais il est une certitude. On ne change pas avec un coup de baguette magique des habitudes de plusieurs décennies. L’Europe et ses diversités culturelles n’échappent pas à cette immuable règle. Mais le changement est bien sur la voie de la disparition des sacs plastiques à usage unique dans l’environnement. 
Mario Molard

vendredi 23 mars 2018

Amadou Kane « On n’avait pas le choix », dixit l'ancien immigré clandestin sénégalais

Amadou Kane, ancien immigré clandestin de Kolda au Sénégal
(Crédit Photo : Robert Adé)

    Il voulait "changer sa vie, travailler pour gérer sa famille et aider ses proches’’. Amadou Kane originaire de Kolda au Sénégal, 37 ans, est marié et père d’un garçon. Il a immigré en Libye en 2013 par la route. Il a traversé le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Sahara. Une fois à Tripoli, il a tenté de traverser la mer pour aller en Europe mais en vain. Son rêve s'est transformé en cauchemar.
    La pirogue au bord de laquelle il se trouvait a chaviré. Il a été fait prisonnier par une organisation criminelle secrète d’africains. Il a tenté de repartir une deuxième fois sans succès. Maltraité, dépouillé de tous ses biens, il décide de retourner au pays après quatre ans de travail pénible.
    Kolda, cette ville située à plus de 600 km de Dakar est confrontée au problème de chômage et de formation professionnelle. C'est une région pourvoyeuse de candidats à l'immigration avec une population constituée de plus de 50% de jeunes.
    Pour sortir Kolda de cette situation, il a été mise en place un Conseil Communal de la Jeunesse. C'est une structure étatique animée par des représentants des associations de jeunes. Elle joue le rôle d'intermédiaire et a un pouvoir d'orientation et de décision au sein des institutions.
    Le Conseil Communal de la Jeunesse de Kolda a facilité la formation et la réinsertion socio-professionnelle de nombreux jeunes. Amadou Kane en fait partie puisqu'il a bénéficié après son retour de Libye d'un appui financier de l'Etat. Aujourd'hui, il est promoteur en sonorisation.
Robert Adé 

Francine Acho, l'ingénieuse

Francine Acho dans son salon au Canada (Crédit Photo : Kayodé Ladikpo)

    Rien ne la prédestinait au métier de coiffeuse. La trentaine, cette ivoirienne de souche avait monté son atelier de coiffure sur la Rive-Sud, non loin de Montréal. L'aventure n'a pas duré; elle l'a fermé, faute de clients. Aujourd'hui, elle exerce la coiffure à domicile. "J'ai dû quitter une profession qui était mienne pour en acquérir une autre''.
Son rêve était d'enseigner le français au français et si possible aux québécois. Pour le réaliser, il fallait bien se rendre disponible et avoir les moyens de compléter sa formation initiale : les lettres modernes. ''J'ai une licence en lettre moderne qui pouvait me permettre d'enseigner le français'' réplique t-elle souvent à ceux qui sous-estiment ses potentialités intellectuelles. ''Une bataille de longue haleine'', confirment ses plus proches amis.
Optimiste malgré tout
 Cette femme battante à la peau bronzée, à l'allure décontractée a foulé pour la première fois le sol français à l'âge de 4 ans. C'était grâce à son père. Mais la France ne lui a pas offert tout ce qu'elle désirait. Sa présence au Canada est une initiative de son mari. Elle l'a suivi par amour. Une aventure, une intégration encore difficile à vivre. ''Il faut s’efforcer d’être heureuse parce qu'après avoir pris la décision de quitter un endroit pour un autre, quoi qu’il arrive, on est heureux. On a la famille autour de soi ; le mari et les enfants. Donc je suis heureuse''.
En attendant de créer des liens durables d'amitié avec les québécois, Francine Acho vit en communauté avec ses autres ''frères africains''. Elle s'interdit d'être nostalgique de son passé et de son pays d'origine, car, dit-elle,'' la nostalgie empêche d'avancer''.
Kayodé Ladikpo

Niger, le fleuve nourricier ensablé de Mopti au Mali


Difficile de naviguer sur le fleuve Niger à Mopti (Crédit Photo : H. S)
Le fleuve Niger se meurt à Mopti, 5 région du Mali. Ce cours d'eau qui fait de la ville la ''Venise du pays’’ est ensablé comme le confirme Alkaye Traoré, piroguier natif de Mopti.
 Selon des riverains et usagers du fleuve, pour la plupart d’ethnies peulh, bêla, songhoi, bozo…, cette situation rend périlleuse la navigation fluviale entre Mopti, Tombouctou, Gao et les autres localités. Ils demandent à l'Etat et aux pouvoirs locaux de les aider à extraire l'argile entassée au fond des eaux. L’argile, cette terre souple et malléable est très utilisée par les potiers mopticiens.
En plus du rôle qu'il joue dans le sous-secteur du transport maritime et fluvial, le fleuve Niger présente d’autres atouts économiques. En effet, il regorge de poissons et autres animaux aquatiques, ce qui explique la proéminence des activités de pêche dans la région.
Une opportunité d'emploi
Pendant la saison de chaleur (mars-avril), la baisse du niveau de l'eau raréfie la pêche intensive et les transports de touristes au profit d'autres activités lucratives telles que le commerce du sable fluvial et le lavage des véhicules.
Le sable fluvial sert à la construction des maisons. Il est très sollicité pour sa qualité, tout comme le gravier. Leur extraction et commercialisation bien que salutaires pour la population se révèlent dommageables pour l’environnement.
Le lavage des véhicules aux abords de cette ressource naturelle revient moins cher mais participe de la pollution de la plage et de la dégradation du fleuve.
Ici, l'eau est à portée de main. Elle est disponible et gratuite. Pour les habitants, ''c’est une opportunité de travail'. Les plus ingénieux et dynamiques s’en sortent bien. Ils gagnent juste ce qu’il leur faut pour subvenir à l’un des besoins fondamentaux de l’homme : se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner et s’instruire.

http://www.lesfouineurs.info/Reportages/Detail/227f4971-a2bf-4131-82f2-390e1898e13e
Hawa Sangho

La presse ou le bouche-à-oreille : l'alternative des étrangers

 
Internet, une des solutions à la sous-information (Crédit Ph. B. A)
Les étrangers vivant au Bénin s'informent habituellement par les journaux, la radio, la télévision et parfois par Internet. A défaut, ils se rabattent sur les voyageurs. Suzie Suzanne Mboa de nationalité camerounaise reconnaît que ces voyageurs sont pour la plupart "des commerçants très mobiles et bien informés de l' actualité dans leurs pays respectifs".
Pour illustrer ses propos, elle explique que "les informations liées aux troubles intervenues courant Mars 2017  au Nord du Cameroun dans la Zone Anglophone ne leur étaient parvenues que grâce aux commerçants de véhicules d'occasion entre le Bénin et le Cameroun".
Comme aux temps anciens
    Lorsqu'ils n'ont pas les moyens d'aller au contact des voyageurs, certains ressortissants camerounais vont prendre les nouvelles auprès de leur doyen d'âge André NGOGANG. Il vit au Bénin depuis une vingtaine d'années.
   En dehors, de l'actualité brulante, des étrangers vivant au Bénin rêvent de médias accessibles, capables de leur faire vivre au quotidien les réalités de leurs pays d'origine.

Brice Bill Aïtchédji 

Bénin, des revendeuses nocturnes dans l'attente d'être imposées

Des revendeuses de poissons du marché Ahouansoulagueh à Cotonou (C.P : B A)
"Ici, nous ne payons pas de taxes et l'Etat ne nous connaît pas", fustige la responsable du marché de nuit d'Ahouansoulagueh dans l'arrondissement de Sainte Cécile à Cotonou. Elisabeth Attiogbé est revendeuse de poissons dans ce marché depuis une dizaine d'années.
Les revendeuses de poissons et de produits divers installées dans cet espace public sont disposées à se mettre en règle vis-à-vis du fisc. Mais, elles exigent de l'Etat et de la commune la construction d'infrastructures en matériaux durables.
"Nous n'avons que des hangars de fortune", s'écrie une autre revendeuse très affairée au milieu de ses clientes."Nous nous débouillons seules, nous cotisons de petits sous pour l'entretien du marché. Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités", conclut-elle.
 La création du marché de nuit d'Ahouansoulagueh remonte aux années 60. C'est une initiative des femmes de l'arrondissement de Gbèdjromèdé soucieuses de vaincre l'oisiveté et d'aider leurs maris dans les charges familiales.
A partir de minuit, le marché se vide de ses occupants légitimes. Il laisse la place aux animaux domestiques mais surtout aux petits délinquants apparemment des habitués du site.
Brice Bill Aïtchédji

Sénégal, la teinture bio de Cheikh Kanouté

  
A Médina Gounas chez Cheikh Kanouté (Crédit Photo : R. Adé)


 Pas besoin d’un guide pour aller chez lui. Des tissus teintés étendus sur des séchoirs dans les rues de Médina Gounas indiquent bien la maison de l’un des plus célèbres producteurs sénégalais de la teinture bio.
    Cheikh Kanouté a transformé sa maison en une grande industrie de coloration naturelle des tissus. Sous une chaleur accablante, des hommes et des femmes sont à l’œuvre. Les uns trient les plantes et racines végétales selon les couleurs désirées. Les autres préparent les infusions. D’autres encore s’occupent soit de l’imprégnation, soit du séchage ou de la couture.
Des techniques tinctoriales
    teinture bio ou naturelle s’obtient à partir de colorants d’origine végétale, animale ou minérale. Il s’agit souvent des feuilles, des écorces, des racines de plantes tinctoriales ou d’argile. Pour avoir une variété de teinte, il utilise la garance, l’argile pour une teinte noire, l’indigo et le pastel pour la coloration des textiles en bleu.
"Contrairement à la teinture synthétique, la teinture naturelle n’est pas toxique. Elle offre une gamme de couleurs aux consommateurs. La teinture bio ne s’applique qu’aux tissus en soie, en lin ou en coton", rassure Cheikh Kanouté.
http://www.lesfouineurs.info/Reportages/Detail/a2d020fa-4bbc-47f4-8575-6b3a615ef2a0


Robert Adé

Dakar, les chasseuses de sexe

   Un après-midi hivernal dans un jardin public à Dakar. L’une après l’autre, des femmes défilent. Juste en face, une auberge déguisée en restaurant et tenue par un couple asiatique. La stratégie utilisée par ces professionnelles du sexe est à la fois offensive et courtoise. Fatou tout de bleu vêtue, identifie sa cible, l’aborde discrètement et lui souffles à l'oreille '' Tu fais l'amour ? Tu fais l'amour ?''
   A Dakar, ces maisons de tolérance ne sont identifiables que par les initiés. Mounas est célibataire, mère d’une fille de 7 ans. Elle accepte de parler de son métier.
   Difficile de l'interviewer sur des questions qui nous préoccupent. La sonnerie de son téléphone crépite sans arrêt. C’est encore un autre client qui appelle. Elle décroche et lui indique sa position.
   Ces jardins publics ne sont pas toujours des lieux de repos. Ils s’y développent de jour comme de nuit, des activités incommodes, parfois à risque.

http://www.lesfouineurs.info/GrandEnquetes/Detail/4c439377-b00c-45f4-97eb-58d241ce80b4


Robert Adé